Question de synthèse sur L'Espoir d'André Malraux
«Ce qui frappait d'abord dans les récits de Malraux, c'était la rencontre imprévue du roman d'aventures et du roman psychologique» écrit Pierre-Henri Simon en 1950. Commentez et discutez ces propos.
Les aspects psychologiques d'un roman d'aventures ont un poids important sur la qualité de l'oeuvre totale. Certainement L'Espoir d'André Malraux est principalement un roman d'aventures qui intègre aussi ces aspects plus sensibles, mais d'après Pierre-Henri Simon l'auteur confronte de manière étonnante la composante psychologique de son oeuvre à l'action. Mais peut on confirmer son jugement en tenant compte du texte du roman lui même et des renseignements sur les idées de l'auteur?
Lors de la lecture
de L'Espoir on remarque rapidement une structure suivie par Malraux
jusqu'à la fin du roman, il combine de manière
systématique les scènes d'action avec les scènes de réflexion, donc des
discours partiellement très philosophiques. Ces discours montrent souvent la situation
psychologique des personnages clefs et son évolution.
Comme par exemple le discours entre Puig et Ximénès
dans lequel on voit entre autres le rapprochement des deux personnages, ayant
été auparavant adversaires, sans qu'ils le remarquent tout de suite. Typique
pour toute l'oeuvre cette scène est encadrée par deux
scènes d'action: avant l'entretien on prend l'hôtel
En plus il y un grand nombre de passages du texte où l'action est
interrompue pour un petit détour sur la situation psychologique de certains
personnages. Cette combinaison qui représente à peu près à petite échelle ce qui a démontré le paragraphe précédant en grande échelle
confronte encore plus directement l'action et la psychologie. Par exemple dans
le premier chapitre de 'Exercice de l'apocalypse' où on trouve un court passage lors du quel Mercery sent sa peur venir
après avoir interrogé Hernandes au sujet de la première guerre mondiale. Le
passage se termine par 'De nouveau il agissait;
la peur disparut.' Aussi Dans le chapitre XIII (page 470) de 'Sang de
gauche' Mercery commence à rêver de son futur en étant plein dans
l'incendie et le bombardement de
Cette confrontation se manifeste aussi dans les personnages. Il y a Manuel qui redécouvre juste à la fin du roman la musique bien qu'il a traversée un développement contraire au long de l'action. Il est devenu de plus en plus pragmatique. Et ce changement s'effectue juste après une bataille décisive donc on retrouve l'opposition très directe aussi dans le personnage de Manuel. Aussi Hernandes présente une opposition entre l'action et son retour vers sa propre conscience psychologique. Il a toujours été un homme de l'action mais lors de sa mort il ne fait qu'observer et il n'essaie pas de fuir lui aussi.
Même si l'on trouve un certain nombre de caractéristiques soutenant l'opinion de Pierre-Henri Simon Malraux ne crée pas une confrontation trop importante par son style, il commence en général un nouveau paragraphe pour changer de l'action au psychologique et ne fait pas le change dans la phrase comme il aurait pu pour encore plus marquer la rencontre des deux thèmes. Puisque André Malraux n'est pas seulement un propagandiste mais aussi un auteur connu et expérimenté le fait qu'il y a une rencontre entre le roman d'aventures et des éléments psychologiques n'étonne pas tellement. En tous cas cela est valable pour L'Espoir et puisque la citation de Simon date de 1950 on peut être sûr Malraux était déjà assez bien connu. Aussi Simon reconnait que si les récits de Malraux frappent cet effet ne se produit qu'au début de la lecture. Cela s'explique par la structure assez constante du roman qui fait suivre sur presque chaque scène de guerre une scène de discussion. Même si une telle structure peut étonner d'abord, le lecteur s'y habitue rapidement. Il en est de même pour les interruptions courtes de l'action par des dessins psychologiques.
Pour conclure on constate une forte juxtaposition entre l'action et les aspects psychologiques de L'Espoir à de multiples niveaux même si on ne peut pas la classer de vraiment frappante comme le fait Simon. Bien que l'action est fortement privilégiée par rapport aux éléments psychologiques, ces deux aspects peuvent être vus comme les deux éléments que Malraux veut montrer dans son roman, la nécessité d'engagement et l'espoir.