Victor Hugo et Les Miserables
Contexte historique
Victor Hugo a commencé Les Misérables en 1845 sous le titre Les Misères. Puis il 'les' a abandonné pendant quinze ans. Il les reprend en 1860, et la première partie du livre parait le 3 avril 1862. Le 15 mai, publication des deuxièmes et troisièmes Parties du roman (immense succès populaire, la foule s'amasse dès 6 heures du matin devant les grilles des librairies). Le 30 juin paraissent les deux dernières parties.
Dans une lettre à Lacroix du 23 mars 1862, Victor Hugo écrit : Ma conviction est que ce livre sera un des principaux sommets, sinon le principal de mon ouvre.
Cette ouvre est batie en cinq parties et le récit s'organise au tour de Jean Valjean, ancien forçat, depuis sa sortie de prison en 1815 jusqu'à sa mort, en 1833, dans les bras de Cosette et de Marius. Mais autour de Jean Valjean, apparaissent aussi les destinées d'autres misérables ; Fantine, ouvrière obligée de confier Cosette, sa fille, à des inconnus, les Thénardier qui la traiteront comme un esclave. Marius, qui tombe amoureux de Cosette, et qui s'engagera sur les barricades lors de l'insurrection de 1832. Gavroche, gamin de Paris, qui sera tué, en chantant, sur une barricade.
Depuis leur parution, Les Misérables sont l'ouvre la plus célèbre et la plus lue de Victor Hugo. Jean Valjean, Cosette, Gavroche, font maintenant parti des personnages connus de chaque lycéen et lycéenne.
Les Misérables apparaissent comme ce 'livre unique' dont rêvait le dix-neuvième siècle. L'ambition démesurée de Victor Hugo est explicite : ' Ce livre est un drame dont le premier personnage est l'infini. L'homme est le second'.
Certains ont été tentés de critiquer Les Misérables pour la faiblesse de sa psychologie et sa simplification caricaturale de la société. Force est de constater, plus de cent trente ans après sa sortie, sa vigueur et de saluer cette ouvre, qui selon Victor Hugo lui-même, visait à dénoncer la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit.
Victor Hugo qui, dans la préface des Misérables, affirme d'ailleurs la mission morale, sociale, et politique qu'il s'est fixé en créant cette épopée : 'Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mours, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers et compliquant d'une fatalité humaine, la destinée qui est divine. tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres comme celui-ci pourront ne pas être inutiles.'
Quelques jugements sur Les Misérables (1862)
Ce qui frappe justement dans cet amoncellement de misères si hardiment exposées, c'est l'impartialité qui domine, la sérénité qui y règne, la puissante intelligence qui les observe et qui sait au besoin, absoudre la cause de l'effet.
Paul de Saint-Victor, La Presse, 1862
Analyser les Misérables, je n'y songe pas. Une fois que d'eux on a dit : C'est beau ! on n'a pas assez dit encore. Il est des ouvres qu'il est impossible de raconter, tant elles nous dépassent . Malgré leur divine harmonie, Les Misérables dépassent la portée de l'oil. Il en est d'eux comme de ces montagnes qui vous écrasent et vous anéantissent par leur effrayante grandeur; devant elles, on tremble, on a peur et on s'agenouille.
Albert Glatigny, Diogène, 1862
M. Hugo n'a pas fait un traité socialiste. Il a fait une chose que nous savons par expérience beaucoup plus dangereuse. Il a mis la réforme sociale dans le roman; il lui a donné la vie qu'elle n'avait pas dans les fastidieux traités, où s'étale obscurément sa doctrine, et avec la vie, le mouvement, la couleur, la passion, le prestige, la publicité sans limites, la population à haute dose, l'expansion à tous les degrés et à tous les étages. Non seulement, il a mis le plus vigoureux talent au service de ses idées, mais il les a couvertes cette fois, pour tenter le respect des hommes, d'un manteau religieux.
Cuvillier-Fleury, Journal des Débats, 29 avril 1862
La révolution française est le plus puissant pas du genre humain depuis l'avènement du christ.
Première partie, I, 9
A voir tant de misère partout, je soupçonne que Dieu n'est pas riche. Il a des apparences, c'est vrai mais je sens la gêne.
Quatrième partie, XII, 2
Le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième sera heureux.
Cinquième partie, I, 4
Gavroche n'était tombé que pour se redresser; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda de côté d'où était venu le coup et se mit à chanter
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à .
Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé et ne remua plus. Cette petite grande ame venait de s'envoler.
Cinquième Partie, 1, 15
Jean Valjean a été condamné au bagne en 1795, pour le vol d'un pain, jugement qui symbolise l'oppression qu'impose une société injuste à une population écrasée.
Mgr Bienvenu, évêque de Digne, chrétien véritable, sera l'un des premiers à aider Jean Valjean.
Fantine, ouvrière a été séduite par l'étudiant Tholomyés. Elle est obligée de confier son enfant, Cosette, aux Thénardier.
Cosette, la fille de Fantine, sera laissé en nourrice chez les Thénardier qui la maltraiteront .
La famille Thénardier, un couple de cabaretiers sordides qui exploite la 'pauvre' Cosette.
Gavroche, gamin de Paris, jeté sur les pavés comme beaucoup d'autres enfants, est seul, sans amour, sans gite, sans pain, mais joyeux car libre
Marius, étudiant, petit-fils d'un grand bourgeois, Monsieur Gillenormand, et fils d'un colonel disparu à Waterloo, découvre la misère du peuple et se rallie au socialisme. Il tombera amoureux de Cosette.
Le policier Javert incarne l'intransigeance républicaine. Pas de rémission pour un ancien forçat, pas de grace pour Valjean.