PARC DES BUTTES-CHAUMONT
Endroit de sinistre réputation qui prêta pendant quatre siècles ses pentes au gibet de Montfaucon, les Buttes-Chaumont furent exploitées à partir du XVIIIe siècle pour leurs carrières de calcaire. En 1814, elles furent le théatre de violents combats entre les troupes françaises et les troupes alliées. Sous la Restauration, elles devinrent une décharge à ordures pour les quartiers alentour, tandis que des dépotoirs de vidange et des ateliers d'équarrissage s'y installaient. C'est dire si ce lieu paraissait peu propice à l'aménagement d'un espace vert ! Et pourtant, c'est sur ce terrain composé de glaise et de marne argileuse, donc impropre à la pousse d'une quelconque végétation, que Haussmann et Alphand décidèrent d'implanter un parc destiné aux populations du nord de la capitale. En effet, en 1860, Napoléon III voulut offrir un grand jardin aux habitants des nouvelles communes annexées de Belleville et de la Villette. Trois années de travaux furent nécessaires, de 1864 à 1867, pour réaliser le magnifique paysage que nous connaissons aujourd'hui. Il fallut effectuer des terrassements, des remblaiements, apporter de la bonne terre, créer près de cinq kilomètres de routes, procéder aux plantations et réaliser les aménagements suivants : un lac de deux hectares dominé par un promontoire de 30 mètres résultant de l'exploitation des carrières ; installer une rotonde sur ce promontoire, le "temple de la Sybille", imité de celui de Tivoli par Davioud ; concevoir une grotte et une cascade fonctionnant avec l'eau pompée au canal Saint-Martin ; construire deux ponts, "le pont suspendu" et "le pont des Suicidés", huit pavillons de gardiens, des restaurants, un kiosque à musique...
Le parc fut inauguré dans l'enthousiasme général lors des festivités liées à l'Exposition universelle de 1867. Il est toujours aujourd'hui le témoin éclatant de la plus belle réussite du Second Empire en matière d'espace vert.